Le diaconat remonte aux origines de l’église. La tradition reconnaît sa fondation dans l’Institution des sept premiers diacres sur lesquels les apôtres imposent les mains (Actes 6 1-6).
Le diaconat jouit d’un grand prestige au début de l’Eglise et connaît son apogée aux IIIè et IVè siècles, en laissant des noms célèbres comme saint Laurent (+ 258), diacre du Pape Sixte II ou saint Ephrem (373), docteur de l’Eglise.
Dans chaque église locale, l’évêque est entouré d’un conseil d’anciens (les presbytres) et de diacres, ses premiers collaborateurs, pour annoncer la Parole de Dieu, l’aider dans sa présidence de la charité et organiser la communauté.
La conversion de l’Empereur Constantin en l’an 313 et la reconnaissance du christianisme comme religion de l’Empire vont bouleverser la place du diaconat et le conduire à son déclin, pour plusieurs raisons :
- Des conflits entre diacres et prêtres, dont le pouvoir va se concentrer sur la célébration des mystères sacrés, au détriment de l’annonce de l’évangile et du service des pauvres.
- La multiplication des paroisses avec un prêtre résident ayant tous les pouvoirs.
- La multiplication des services caritatifs exercés hors du diaconat. Le service de la charité est assuré par les ordres religieux et par des associations de laïcs.
- L’imposition de la loi de continence qui se transformera en loi du célibat préalable à toute ordination, y compris l’ordination diaconale.
Ces différentes évolutions sonneront la fin du diaconat comme état permanent dans l’Eglise latine au 7è siècle.
Il faudra attendre le 19è siècle pour assister aux premiers frémissements du rétablissement du diaconat permanent. Parmi les facteurs d’émergence, notons :
- En Allemagne, dans les années 30, la Caritas suggère de rétablir le diaconat pour prendre en compte les misères de la guerre.
- Après la guerre, dans les années 50, des prêtres ayant connu la captivité se préoccupent d’un renouveau missionnaire.
- En Asie et dans des pays de mission, l’intuition s’installe pour répondre au petit nombre de prêtres.
- En France, le père Rodhain, dans une inspiration prémonitoire, alerte un directeur de grand séminaire pour la réintroduction du diaconat tandis que quelques théologiens (Henri de Lubac, Yves Congar) réfléchissent à ce ministère.
- En 1957, le Pape Pie XII, un an avant sa mort, laisse la question ouverte. En 1962, le Pape Jean XXIII ouvre le concile. La question du diaconat est étudiée lors de la 2° session en 1963 puis débattue et adoptée par vote à la 3° session en 1964.
Parmi les décisions du Concile, on retiendra principalement les affirmations suivantes :
- Le diaconat est rétabli comme « degré propre et permanent de la hiérarchie ». Il est donc l’un des ministères ordonnés, à part entière.
- Ce ministère est exercé « en communion avec l’évêque et son presbytérium ».
- Les diacres sont ordonnés « non pas en vue du sacerdoce, mais en vue du service ».
- On retrouve la triple charge des autres ministères ordonnés, mais pris du point de vue du service : la triple diaconie de la liturgie, de la parole et de la charité.
- Ce ministère peut être confié à des hommes mariés.
Robert Carémiaux