Journée des Diacres du Diocèse de Cambrai
26 septembre 2020
Compte-rendu du travail effectué sur le thème du travail
Philippe Moreel a introduit le sujet du jour :
« Dans notre région, les conditions de travail ou l’absence de travail impactent les familles (coronavirus, plans sociaux, intérim, chômage partiel…).
Diacres, nous entendons, réagissons, accompagnons, célébrons.
Parlons-en et conseillons notre archevêque et l’Église diocésaine. »
puis il nous a présenté la vidéo faite par le C2RP CARIF-OREF (Centre d'Animation de Ressources et d'Information sur la Formation et Observatoire Régional Emploi Formation) présentant un « Diagnostic partagé de la région Hauts-de-France ».
Mgr Vincent Dollmann a ensuite pris la parole pour lancer le débat.
Voici quelques éléments de son intervention :
La réalité du travail fait partie de notre quotidien, pour tout le monde, dans tous les domaines de la vie, particulièrement dans ceux qui concernent la formation et l’accompagnement des jeunes.
La réalité de l’Histoire, avec la disparition des mines, la baisse inéluctable des activités liées à la métallurgie, fait que nous pouvons avoir tendance à regarder la situation actuelle de la région avec condescendance : « Une belle région … avant ! ».
Il nous faut regarder la réalité en face, et se mobiliser pour accompagner les mutations : les développement technologiques, l’amélioration de la qualité.
Une occasion de regarder en face la réalité est de relire ce qui a été vécu dans ce domaine du travail pendant le confinement lié au Covid-19, dans différents domaines : la qualité de la vie, le sens donné aux choses, la réappropriation des relations avec les plus proches, les apports dus au télétravail, aux réseaux sociaux, les effets du confinement dans un espace consenti par d’autres (les pouvoirs publics en l’occurrence), la redécouverte de l’instant présent à la place de la projection dans un avenir trop incertain.
Ce confinement a été pour beaucoup une occasion de redécouvrir une liberté dans leur choix, et a été un appel à l’intériorité (prendre du recul, se mettre sous le regard de la Parole de Dieu, entrer dans la prière pour redécouvrir notre capacité de liberté, d’intériorité), ce qui permet de sortir de la logique implacable du passé, de la peur du futur, pour oser se poser dans le présent, le regarder en face, et décider.
En gros, sortir d’un univers codifié, rationnalisé, d’un travail technocratisé pour enfin aborder des questions de fond plus radicales.
Voilà l’occasion, face aux perspectives difficiles, de porter un regard différent, en lien avec l’évangile (qui parle beaucoup de travail), et de se poser quelques questions : Quel discours peut tenir un disciple du Christ, quelle approche peut-il avoir du travail salarié ou bénévole, quelle dynamique chrétienne ?
Bref, passer d’une approche technique et efficace à une approche plus pointue, plus profonde, dans une dimension plus subjective, en lien avec la création.
A la fin de l’intervention de Mgr Dollmann, un « 10x6 » a permis aux participants d’échanger à chaud sur le thème, la video et les propos de Mgr Dollmann.
L’après-midi, en atelier, par 4 groupes d’une dizaine de personnes, en reprenant la suggestion de Mgr Dollmann de se poser, une première question a été travaillée :
« Regarder en face : Comment avons-nous vécu la question du travail pendant le confinement ? Travail : le nôtre, le leur (de la famille, des amis, dans notre environnement). »
Chaque groupe était invité à résumer son travail en inscrivant sur des cartelettes les difficultés rencontrées (cartelettes rouges) et les belles choses qui sont apparues (cartelettes vertes).
La mise en commun a permis d’identifier 4 domaines :
Domaine du LIEN dans le travail :
MANQUE DE RELATIONS
MANQUE OU DISPARITION DES REPERES
PERTE DE LIEN (objectif et subjectif)
BESOIN ACCRU DE LIEN SOCIAL DESHUMANISATION DE LA COMMUNICATION
PAS DE COMMUNICATION
ADAPTATION et INVENTIVITE échanges et contacts
SOLIDARITE avec des nouveaux liens
PRISE DE CONSCIENCE
RELATIVISATION des difficultés
Domaine de la RECONNAISSANCE dans le travail :
FRAGILITE PLUS GRANDE DES PLUS FRAGILES
DECROCHAGE DES ELEVES LES PLUS DEMUNIS
RECONNAISSANCE de l’existence de l’autre
RECONNAISSANE des « petits métiers »
RECONNAISSANCE des « Invisibles »
Domaine du SENS du travail :
QUESTION SUR L’UTILITE REELLE DE MON TRAVAIL ?
CHANGEMENT DE MISSION
MANQUE DE REPERES
AVOIR PU SE POSER
MOINS DE POLLUTION
AVOIR RETROUVE SENS A MON TRAVAIL
ALLER ET GERER L’ESSENTIEL
RELATIVISER, SE RENOUVELER
S’ADAPTER
ETRE INVENTIF
Domaine de la relation TRAVAIL et VIE DE FAMILLE
Télétravail des élèves :
PARENTS EN DIFFICULTE
PRESSION SUR LES ELEVES
DECROCHAGE DES ELEVES
AUTONOMIE
Télétravail des parents :
PERTURBATION DE LA VIE DE FAMILLE
REORGANISATION FORCEE DU TRAVAIL
Forts de ce constat de la réalité rencontrée, nous avons pu travailler sur la 2ème question :
Décider : Dans ces 4 domaines du Lien, de la Reconnaissance, du Sens, et de la Relation travail et vie de Famille, nous et notre Église Diocésaine, dans nos 3 missions : Célébrer, Annoncer, Vivre, quelle est notre responsabilité ?
En regardant les difficultés rencontrées (rouge) et les atouts (vert) en notre possession, quelles propositions faire pour notre diocèse à notre évêque ?
Limite laïcité – témoignage
Manque et perte de lien, isolement
Pas de travail = on est un zéro
Difficile de trouver l’équilibre travail – vie de famille – engagements
Comment accueillir avec les règles sanitaires ?
Une Église en sortie, présente dans le monde
Habitude de travailler en groupe
Un Évangile qui reconnaît la dignité de tout humain
Une habitude de la relecture
PROPOSITIONS :
TOUS CHAMPS
- Reconnaissance : donner la parole aux non habituellement reconnus dans nos médias, dans les célébrations, dans nos communautés
- Inventer comment accueillir et maintenir les liens avec les règles sanitaires
- Aller vers pour donner du sens, prendre des temps d’échange
- Aller vers pour entrouvrir la porte du cœur de la personne pour laisser entrer Jésus
- Travailler à impliquer, plutôt qu’à simplement concerner, chaque communauté : catholique, travail, relationnel. Pour cela, apprendre à travailler en réseau, plutôt qu’en structures pyramidales.
- Former à l’écoute, pour la développer dans nos associations,
- Former à apprendre à regarder l’autre sans jugement
CELEBRER
- Se rassembler pour célébrer autour de la Parole
- Rendre concret, local, le contenu de la prière universelle
- Expliciter le sens des rites : goutte d’eau : incarnation
ANNONCER
- Proposer des événements spirituels en ligne (pour l’Avent, le Carême, …)
- Aller vers en témoignant dans les réseaux sociaux pour rejoindre les populations « périphériques »
- Développer des équipes d’accompagnement autour des préparations aux sacrements (avec les réseaux des personnes)
- Faire appel à leurs voisins, aux collègues de travail pour entourer les futurs baptisés lors de la préparation
VIVRE
- Réinventer le Patronage pour soutenir les familles
- Redynamiser les groupes de partage
- Développer l’existant et créer de nouveaux lieux de rencontre et de relecture ouverts à tous : Maison des familles, café partage
- Tenir et relancer les lieux d’accueil (Magdala, Secours Catholique, …)
En conclusion :
18 propositions ont été faites.
Dans la catégorie « Tous champs » , les 4 premières propositions nécessitent un travail de groupe pour proposer des actions précises. Les 3 suivantes concernent des formations à mettre en place.
Dans la catégorie « Célébrer », 3 propositions concrètes, qui se font déjà dans certains lieux de notre diocèse, mais qui pourraient être déployées.
Dans la catégorie « Annoncer », 2 premières propositions à travailler en groupe pour proposer des actions précises, 2 autres propositions qui sont déjà à l’œuvre, mais qui pourraient être développées.
Dans la catégorie « Vivre » 4 propositions très concrètes, mais qui nécessitent des organisations matérielles conséquentes.
Ces 18 propositions vont être remises à notre évêque et à son conseil.
Les diacres et leur épouse s’impliqueront sans aucun doute dans ce qui sera mis en œuvre !